🖤 Mon fidèle compagnon à quatre pattes m’a quitté mercredi après-midi des suites d’un cancer. Quatorze années de partage... Pour trouver un semblant de réconfort, je me suis réfugiée dans l’écriture de cette newsletter à la recherche du symbolisme du chien dans l’art. Il m’a fallu du temps pour écrire mais voici un aperçu de la relation entre l'homme et son ami canin, immortalisée par des artistes à travers différentes périodes historiques.
Thème de cette édition :
le symbolisme 🐶 du chien à travers les époques
Expo coup de 💟 Métamorphose Urbaine
Petit mot 🙋♀️ doux
Dans l’histoire de l’art, le symbolisme 🐶 du chien a évolué de manière significative au fil des siècles,
reflétant les changements dans la société et la culture, ainsi que l'évolution des relations entre l'homme et le chien. Globalement, il a été associé à toute une série de qualités comme la loyauté, la protection, le pouvoir, la force, l’intelligence mais a été aussi affecté durant une courte période moins glorieuse à la réincarnation du diable.
On trouve les premières traces de représentations de chiens dans les peintures rupestres signifiant leur rôle essentiel dans la survie des premiers humains. Ils étaient déjà domestiqués et utilisés pour la chasse, la protection et probablement comme compagnons.
Dans l’Antiquité, les chiens étaient souvent associés à des rôles pratiques et symboliques.
En Égypte ancienne, le chien faisait l’objet d’un véritable culte. Anubis, le dieu funéraire, représenté avec une tête de chien sauvage lui conférait le statut d’animal sacré, symbolisant la protection et la guidance dans l'au-delà.
En Grèce, les chiens étaient utilisés pour la chasse, la garde et leur image était souvent liée à la loyauté et à la protection. L’animal emblématique des mythes grecs est le chien Cerbère, gardien des portes de l’enfer mais je préfère citer L’odyssée d'Homère qui rend hommage à l'amour profond unissant Ulysse et son chien Argos. Le récit raconte que peu après avoir reconnu Ulysse déguisé en mendiant à son retour à Ithaque, après 20 ans de séparation, Argos meurt soulagé, ayant enfin accompli sa mission d'attendre le retour de son maître. Ce témoignage poignant de l'amour et de la fidélité entre un homme et son chien nous rappelle l'importance des liens affectifs et la capacité des animaux à éprouver des sentiments profonds.
Au début de la Rome antique, les chiens servaient d’offrandes aux dieux mais heureusement, au fil du temps, ils sont devenus les gardiens des propriétés des riches citoyens de la cité antique. On a d’ailleurs découvert une mosaïque sur le sol d’une maison à Pompéi représentant un chien avec l'inscription "Cave Canem" signifiant “Attention au chien”. Les Romains sont parmi les premiers cynophiles à avoir discerner les différences de comportements et de races chez nos amis à quatre pattes. Ils utilisaient donc les petits chiens pour la chasse et les plus grands étaient formés au combat dans les cirques contre les ours ou dans les arènes aux côtés des gladiateurs.
Le Moyen Âge
n’est pas la meilleure période pour les représentations canines. Le chien était à la fois un symbole de fidélité et de loyauté mais également banni par l’Eglise catholique qui le voyait comme une réincarnation du Diable, capable de dévorer des cadavres ou de transmettre la rage. A cette époque, les seules qualités appréciées chez le chien viennent de ses capacités d’agressivité utilisées lors des chasses en meute ou la guerre qui sont illustrées dans les fresques et les tapisseries, et répertoriées de 1387 à 1389 dans le “livre de chasse” du grand chasseur et comte de foix, Gaston Phébus.
Au siècle de la Renaissance,
le chien a continué à symboliser la fidélité et à remplir ses diverses tâches (la chasse, la protection des troupeaux, la lutte contre la vermine), mais son rôle s'est élargi. Il accompagnait les sujets des peintres tel un accessoire permettant d’inclure des aspects personnels comme dans "Les Époux Arnolfini" où le petit chien symbolise la fidélité conjugale, et des aspects sociaux où les chiens présents dans les portraits aristocratiques, reflétaient le statut social et les valeurs de leurs maîtres comme le “Portrait de Charles Quint avec son chien”. Du côté des femmes, on peint surtout des chiens de petites tailles et plutôt blancs ”Portrait d’une dame avec petit chien” pour mettre en valeur les qualités féminines recherchées de l’époque qui sont la douceur et la pureté et pour les jeunes filles, la virginité.
Du XVIIe au XVIIIe siècles,
les chiens sont toujours représentés dans des scènes de chasse ou de famille, mettant en valeur la noblesse et la bravoure mais on souligne également leur rôle dans la vie quotidienne et leur relation intime avec les humains. “Les cinq enfants aînés de Charles Ier” où le chien, un mâtin, aux côtés du futur roi, symbolise le pouvoir et la protection.
Petit à petit les chiens apparaissent seuls sur les tableaux. Le genre du portrait canin commence peu à peu à prospérer ouvrant la voie à la spécialisation d’artistes en peintres animaliers qui parviennent à immortaliser avec réalisme leur regard et leur expression comme dans ce petit tableau exquis de 16,5 cm par 21,6 cm d’un chien faisant la sieste de Gerrit Dou ou celui peint par l’amoureux des chiens, Thomas Gainsborough.
C”est aussi l’époque où les artistes et les scientifiques font des recherches sur la nature des animaux et sur la question de savoir s’ils sont réceptifs, émotionnellement intelligents et s’il y a lieu de leur donner une identité.
Au XIX siècle,
le chien n’est plus l’apanage des classes aisées mais trouve enfin sa place comme un membre à part entière de la famille dans tous les foyers, même modestes. Il a l’identité du compagnon fidèle et aimant de l’“Autoportrait au chien noir” ou celui de la fille de Berthe Morisot accompagnée de sa chienne "Julie Manet et sa levrette Laertes". En outre, la réflexion sur les droits du meilleur ami de l'Homme, et ceux des animaux en général, devient de plus en plus poussée. En France, la loi Grammont de 1850 a marqué un tournant dans la reconnaissance des animaux comme des êtres sensibles et dans la législation de la protection animale. Imparfaite et limitée dans son application, cette loi a été abrogée en 1959 par le décret Michelet pour l’étendre tant au domaine public que privé. Il s’ensuivra au cours des siècles suivant plusieurs autres lois importantes qui ont été adoptées pour renforcer la protection des animaux.
À partir du XXe siècle à aujourd’hui,
l'image du chien est utilisée pour explorer des thèmes de modernité, de solitude et de transformation. Le symbolisme du chien prend des dimensions variées et abstraites dans l’art que nous connaissons aujourd’hui avec des artistes comme : Pablo Picasso le dessine d’un seul trait en représentant son teckel dans une esquisse minimaliste ; Fernand Léger et Miro le font entrer dans l’univers de l’abstraction ; "Grrrrrrrrrrr!!"de Roy Lichtenstein se transforme en chien pour bande dessinée défendant le pop art ; “Puppy”, une sculpture monumentale en fleurs à l’effigie du chien de Koons exposée au Musée d’art contemporain de Bilbao ; William Wegman expose ses photographies d’art dont les modèles sont des chiens et tant d’autres artistes qui captent l’âme de ces formidables toutous.
Je terminerai cette newsletter avec David Hockney, qui en réalisant ses “dog days”, une quarantaine de tableaux mettant en scène ses deux teckels a cité :
“J'ai réalisé que je peignais mes meilleurs amis, Stanley et Boodgie”
Expo coup de 💟 Métamorphose Urbaine
J’ai pris du retard dans ma newsletter. Je vous invite à aller voir cette exposition qui a lieu à la Galerie 84 au 84 rue du temple à Paris jusqu’à demain, 9 juin de 12h à 20h.
Sur une idée originale de l’artiste photographe Frédéric Bourret, « Métamorphose Urbaine » repense l’exposition photographique traditionnelle pour créer un point de rencontre artistique diversifié et captivant. 27 artistes ont été conviés à apposer leurs signatures aux côtés des photographies de Frédéric Bourret, réinventant ainsi les paysages urbains selon leurs propres perspectives artistiques et leurs univers imaginaires foisonnants. Chaque artiste, avec sa touche personnelle, propose une vision unique de Paris, manifestée à travers une diversité de supports artistiques. Que ce soit par la peinture, la sculpture, la science, la musique… ou d’autres formes d’expression, ils créent ensemble un dialogue enrichissant sur l’influence et l’inspiration que la ville exerce sur l’art.
Plus d’informations sur https://metamorphoseurbaine.com/
Petit mot 🙋♀️ doux
Merci encore aux personnes qui me soutiennent en cliquant sur ❤️ à la fin de cette newsletter avec leur coeur.
À la semaine prochaine,
Et d’ici là, prenez bien soin de vous,
Cécile
Je mesure et ressens le vide soudain que la perte d'un animal crée autour de soi, je n'ose même pas penser au mien quand le jour sera venu. Toute mon amitié chère Cécile et merci pour cette newsletter apaisante.
Pleins de pensées tendre et bon courage